Ce n’est pas tant le niveau de langage qui me dérange dans la campagne à l’investiture républicaine mais bien la manière avec laquelle Donald Trump s’y prend pour arriver à ses fins.
Je n’ai jamais compris l’intérêt que les gens pouvaient porter à Donald Trump. Le type est banal en soi, si ce n’est qu’il a réussi en affaires et qu’il ne s’est jamais gêné pour nous le faire savoir. Cela ne le classe pas pour autant dans une catégorie d’individus exceptionnels. Personnage flamboyant, Trump est visiblement très doué pour le mercantilisme et l’hyper commercialisation de sa personne, de son image de marque et de ses projets d’affaires. Mais c’est aussi le cas pour beaucoup de milliardaires. Pourtant, aussi riche soit-il, Donald Trump n’a rien en commun avec Michael Bloomberg, Warren Buffet, George Lucas ou Bill Gates par exemple: il n’a jamais épousé de cause charitable d’envergure, ni consacré une partie importante de sa fortune à des causes humanitaires, environnementales ou caritatives (AP – Août 2015). On le sent beaucoup plus préoccupé par le bien-être de sa personne et que par le bien-être d’autrui. Il n’est pas un intellectuel et sa critique de la société est lapidaire car basée sur une vision simpliste d’un monde où il n’y a que des gagnants et des perdants. On est très loin du père de la nation apte à rassembler les citoyens sous son aile protectrice afin de bâtir un grand projet de société.
Jusqu’à tout récemment, Trump faisait la manchette des magazines people pour ses émissions de télé réalité, ses concours de beauté, ou ses projets immobiliers démesurés. Mais voilà qu’il est désormais partout. Ses nombreux supporters voient en lui un sauveur inespéré pour ramener au sommet un pays qui, présument-ils, serait en perte de vitesse. Sa réussite en affaires, son franc-parler, son indépendance de fortune sont pour eux des gages suffisants. C’est leur droit. Pourtant, Trump ne fait que surfer avec panache sur une image de marque, la sienne; il n’explique rien, ne propose rien si ce n’est lancer des formules toutes simples qui frappent l’imagination de gens qui, visiblement, sont en manque flagrant d’estime de soi. Comme tel, c’est désolant mais ce n’est pas mon pays.
J’en ai cependant contre l’opération de salissage généralisé dont il est le principal maître d’œuvre, laquelle risque de changer à tout jamais la façon de faire de la politique, là comme ailleurs.
Depuis le début de la campagne républicaine, Trump affiche dans les débats la mine renfrognée d’un enfant à qui on viendrait de refuser une glace à la vanille. Ça lui donne un air de type pas commode avec qui il faudrait mieux ne pas croiser le fer. Et ceux qui le font en paie le prix: il interrompt son interlocuteur, l’insulte, le rabaisse; sans doute pour mieux se grandir. Trump joue les fiers-à-bras à la façon d’un intimidateur dans une cour d’école et la galerie en redemande.
Dans les assemblées partisanes, Trump en rajoute et dit tout ce qui lui passe par la tête sans en éprouver le moindre remord; au grand plaisir de ses supporters qui voient en lui quelqu’un qui parle le même langage qu’eux. En fait, ce que dit Trump à ses supporters c’est qu’ils n’ont plus à avoir honte et qu’ils peuvent maintenant répéter à voix haute les choses qu’ils auraient dites auparavant en privé; que leur opinion, aussi, vaut bien celle de n’importe quel expert reconnu, scientifique, universitaire ou chef d’état. Ce faisant, Trump ouvre toute grande la porte à l’intolérance et aux dangereux amalgames; et jette aux poubelles un sentiment essentiel au bon fonctionnement de toute société: le respect. Il le fait, sans gêne aucune, simplement pour assouvir sa soif de pouvoir. Qu’il soit élu ou pas, le mal est fait et il faut craindre des débordements sévères dans les années à venir, localement ou à l’échelle mondiale.
Alors, M. Trump, on dit quoi à nos enfants maintenant que le mal est fait? Que celui qui crie le plus fort, celui qui dit n’importe quoi, insulte et intimide, est un gagnant? Que ceux ou celles qui ne sont pas de notre avis sont des perdants? Que le droit à la dissidence n’existe pas? Que les différences d’opinions, de races, de couleurs, de religions, sont des notions dépassées qui ne sauraient être tolérées au risque d’être ridiculisées sur la place publique? J’aimerais bien que Donald Trump nous ne le dise, lui qui a réponse à tout.
L’impression que j’ai – Un podcast de Daniel Faucher
Fév 17 2016
Alors on dit quoi aux enfants M. Trump?
Photo: Jo Fothergill
Ce n’est pas tant le niveau de langage qui me dérange dans la campagne à l’investiture républicaine mais bien la manière avec laquelle Donald Trump s’y prend pour arriver à ses fins.
Je n’ai jamais compris l’intérêt que les gens pouvaient porter à Donald Trump. Le type est banal en soi, si ce n’est qu’il a réussi en affaires et qu’il ne s’est jamais gêné pour nous le faire savoir. Cela ne le classe pas pour autant dans une catégorie d’individus exceptionnels. Personnage flamboyant, Trump est visiblement très doué pour le mercantilisme et l’hyper commercialisation de sa personne, de son image de marque et de ses projets d’affaires. Mais c’est aussi le cas pour beaucoup de milliardaires. Pourtant, aussi riche soit-il, Donald Trump n’a rien en commun avec Michael Bloomberg, Warren Buffet, George Lucas ou Bill Gates par exemple: il n’a jamais épousé de cause charitable d’envergure, ni consacré une partie importante de sa fortune à des causes humanitaires, environnementales ou caritatives (AP – Août 2015). On le sent beaucoup plus préoccupé par le bien-être de sa personne et que par le bien-être d’autrui. Il n’est pas un intellectuel et sa critique de la société est lapidaire car basée sur une vision simpliste d’un monde où il n’y a que des gagnants et des perdants. On est très loin du père de la nation apte à rassembler les citoyens sous son aile protectrice afin de bâtir un grand projet de société.
Jusqu’à tout récemment, Trump faisait la manchette des magazines people pour ses émissions de télé réalité, ses concours de beauté, ou ses projets immobiliers démesurés. Mais voilà qu’il est désormais partout. Ses nombreux supporters voient en lui un sauveur inespéré pour ramener au sommet un pays qui, présument-ils, serait en perte de vitesse. Sa réussite en affaires, son franc-parler, son indépendance de fortune sont pour eux des gages suffisants. C’est leur droit. Pourtant, Trump ne fait que surfer avec panache sur une image de marque, la sienne; il n’explique rien, ne propose rien si ce n’est lancer des formules toutes simples qui frappent l’imagination de gens qui, visiblement, sont en manque flagrant d’estime de soi. Comme tel, c’est désolant mais ce n’est pas mon pays.
J’en ai cependant contre l’opération de salissage généralisé dont il est le principal maître d’œuvre, laquelle risque de changer à tout jamais la façon de faire de la politique, là comme ailleurs.
Depuis le début de la campagne républicaine, Trump affiche dans les débats la mine renfrognée d’un enfant à qui on viendrait de refuser une glace à la vanille. Ça lui donne un air de type pas commode avec qui il faudrait mieux ne pas croiser le fer. Et ceux qui le font en paie le prix: il interrompt son interlocuteur, l’insulte, le rabaisse; sans doute pour mieux se grandir. Trump joue les fiers-à-bras à la façon d’un intimidateur dans une cour d’école et la galerie en redemande.
Dans les assemblées partisanes, Trump en rajoute et dit tout ce qui lui passe par la tête sans en éprouver le moindre remord; au grand plaisir de ses supporters qui voient en lui quelqu’un qui parle le même langage qu’eux. En fait, ce que dit Trump à ses supporters c’est qu’ils n’ont plus à avoir honte et qu’ils peuvent maintenant répéter à voix haute les choses qu’ils auraient dites auparavant en privé; que leur opinion, aussi, vaut bien celle de n’importe quel expert reconnu, scientifique, universitaire ou chef d’état. Ce faisant, Trump ouvre toute grande la porte à l’intolérance et aux dangereux amalgames; et jette aux poubelles un sentiment essentiel au bon fonctionnement de toute société: le respect. Il le fait, sans gêne aucune, simplement pour assouvir sa soif de pouvoir. Qu’il soit élu ou pas, le mal est fait et il faut craindre des débordements sévères dans les années à venir, localement ou à l’échelle mondiale.
Alors, M. Trump, on dit quoi à nos enfants maintenant que le mal est fait? Que celui qui crie le plus fort, celui qui dit n’importe quoi, insulte et intimide, est un gagnant? Que ceux ou celles qui ne sont pas de notre avis sont des perdants? Que le droit à la dissidence n’existe pas? Que les différences d’opinions, de races, de couleurs, de religions, sont des notions dépassées qui ne sauraient être tolérées au risque d’être ridiculisées sur la place publique? J’aimerais bien que Donald Trump nous ne le dise, lui qui a réponse à tout.